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Avenir de la Lorraine
10 avril 2009

APPEL DU 28 MARS 2009 pour la GPA

Ficaires_et_rainette_2

EN FAVEUR DE LA LEGALISATION EN FRANCE  DE LA GESTATION POUR AUTRUI 

Nous, signataires soussignés, solidaires des couples infertiles, appelons les décideurs politiques au nom de l’égalité des hommes et des femmes frappés d’infertilité, à se prononcer en faveur d’une légalisation de la gestation pour autrui en France afin que cette forme de lutte contre l’infertilité utérine des femmes soit pratiquée dans le respect de la dignité de chacun(e) et dans une perspective de responsabilité éthique.    
Nous pensons que, comme dans d’autres grandes démocraties qui ont légiféré dans ce sens, toute personne infertile doit avoir le droit de se faire aider par une autre (comme cela se pratique déjà pour le don de sperme, d’ovules, d’embryons ou pour le don d’organes) sous le contrôle du juge. Nous pensons que la gestation pour autrui ne porte pas atteinte à la dignité de la femme si précisément elle est pratiquée dans des conditions claires et sûres, altruistes, dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation, qui exclut toute marchandisation de la personne.
Nous pensons que les dérives liées à la clandestinité des pratiques actuelles de gestation pour autrui n’existent qu’en raison de la prohibition depuis 1994.   Nous pensons qu’il convient que les enfants nés grâce à la gestation pour autrui aient une filiation identique à celle des enfants nés d'une autre forme d’assistance médicale à la procréation et à celle de tous les enfants, car l’intérêt supérieur des enfants, au sens de la Convention internationale des droits de l’enfant de New-York du 20 novembre 1989 fait qu’il n’est pas digne de priver ces enfants-là d’une filiation conforme à la réalité de leur vie familiale. La révision des lois de bioéthique, programmée pour 2009, doit être l’occasion de modifier la loi en ce sens opportun. Nous vous demandons de signer le présent APPEL et de le faire circuler auprès d’autres personnalités.

Dominique et Sylvie Mennesson, Co-présidents de l’Association CLARA   

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L
Je suis profondément POUR la légalisation de la gestation pour autrui en France, tout en légiférant avec attention pour éviter toute dérive. Je suis très heureuse de voir qu'il existe enfin un vrai débat sur le sujet. En effet, je sais maintenant depuis treize ans que devenir mère sera un parcours long et difficile, en raison d'une maladie orpheline, le mrkh, qui m'a fait naître sans utérus. Tabou pendant de longues années, le sujet devient enfin abordable, on peut se sentir femme sans utérus, et même envisager de devenir mère… rêve de toujours que je n'osais plus faire… On m'avait parlé de greffe d'utérus, mais je suis devenue médecin, je sais aujourd'hui que cela ne sera pas possible avant de très nombreuses dizaines d'années. Puis l'adoption, parcours magnifique d'une double rencontre, d'un double apprivoisement entre deux parents et un enfant ; mais ce n'est pas du tout la même démarche qu'un enfant biologique, dont la conception est pensée à deux. Dans le cas de l'adoption, l'enfant existe déjà. Il a son histoire et en tant que pédopsychiatre, je peux dire que devenir parent d'un enfant adopté est un chemin parsemé de difficultés pour lesquelles on n'est jamais assez préparés : l'enfant a été conçu par d'autres personnes, qui l'ont désiré ou pas, la mère peut avoir bu pendant la grossesse, avoir décidé de le garder puis de l'abandonner… L'enfant a une histoire et je respecte profondément les couples qui sont prêts à prendre tous les risques - et il y en a tellement, du « simple » rejet à l'adolescence, aux troubles envahissants du développement ou troubles autistiques en cas de carence affective dans la prime enfance -. Personnellement, avec mon mari, nous ne sommes pas dans cette démarche : attendre des années pour avoir un agrément, pour pouvoir avoir un enfant, souvent déjà grand, et avec une histoire parfois si lourde… A ceux qui parlent de commercialisation dans la GPA, vous ne pensez pas que l'adoption est une affaire d'argent ? 5ans d'attente peuvent devenir 2 ans avec suffisamment de bakchichs… Et à ceux qui disent « marre du tout biologique, adoptez ! », je répondrai, je ne veux pas un enfant qui me ressemble, je veux pouvoir construire ma famille à partir du désir d'enfant, de l'intentionnalité : et ça ne dure pas seulement 9 mois. Mon projet d'enfant mûrit en effet depuis treize ans (je dis souvent que je suis en gestation depuis tout ce temps…) : il a mûri seul, puis il se construit depuis 3 ans avec mon mari et il aboutira, je l'espère, grâce à une nounou que nous ne connaissons pas encore.<br /> Je rappelle au passage à ceux qui brandissent l'étendard « attention à l'esclavagisme », que, dans les propositions faites par l'association clara, les femmes se proposant pour être des gestatrices devront avoir suffisamment de ressources financières, avoir déjà eu des enfants ; il y aurait un défraiement de la grossesse et non une rémunération ; cela resterait de l'ordre du don : il y aura ainsi peut-être peu de candidates mais cela restera ainsi un geste d'amour. Et je connais déjà beaucoup de femmes de mon entourage qui sont prêtes à aider un couple en mal d'enfant.<br /> Quant aux échanges foetomaternaux, oui ils existent. C'est pour cela que nous parlons de « nounou prénatale » : l'enfant doit avoir la possibilité de garder des liens avec la fée qui l'aura porté pendant neuf mois et il ne peut d'ailleurs y avoir d'anonymat. Mais qu'on nous dise que ces échanges sont indélibiles et que c'est pour ça que la GPA ne peut être légalisée. Cela revient à dire à toutes les femmes modernes qui travaillent et qui ont des enfants qu'elles sont obligées de confier à une nounou « redevenez femme au foyer, sinon, attention, votre enfant va tisser des liens indélibiles avec sa nounou… » Vous imaginez le tableau, machiste à souhait…<br /> Et enfin à ceux qui disent qu'on ne sait pas ce que deviendra psychologiquement cet enfant, qui parlent « d'abandon programmé », je les rassure tout de suite : il ne sera pas abandonné puisqu'il est attendu depuis trois ans, depuis le début de notre projet parental. Et je peux vous assurer qu'il ne manquera pas d'amour. Si par malheur il devait être handicapé ? Comment oser poser la question : je suis sa mère intentionnelle, le lien est déjà en place avant sa conception et la question se pose de la même façon qu'à n'importe quelle femme qui en accouchant découvre son enfant : c'est le sien. Et moi, c'est déjà le mien, handicapé ou pas.<br /> Et qu'on arrête de nous rabattre les oreilles avec le « droit à l'enfant ». Ou alors qu'on s'en prenne aussi à toutes les femmes qui à 38 ans se disent que vite elles laissent passer le coche et qui se jettent sur le premier venu pour avoir un enfant parce qu'après c'est trop tard. Moi, je ressens en effet un puissant désir d'enfant, parce que j'aime mon mari, que je veux construire avec lui ma famille, le voir dans le sourire de nos enfants. Oui. Et je n'ai pas honte de le dire et ce n'est pas « à tout prix », puisque la médecine sait le faire, et que l'on sait que l'on est capable en France d'éviter les dérives, si la loi est pensée et pesée.<br /> Croyez bien que si j'avais pu être enceinte (et en connaître les joies inhérentes, ce qui ne sera jamais le cas) je ne serais pas en train d'écrire sur ce forum : je serais mère depuis 3 ans…<br /> Donc que les donneurs de leçons qui ont pu construire leur famille soient plus tolérants et se rappellent la naissance de leurs enfants pour nous laisser connaître nous aussi le bonheur d'aimer.
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