Contribution SD au congrès du PS:
La période est déterminante pour l’affirmation de nos idées, de notre conception du Parti et de son rôle. Le Congrès de Reims sera beaucoup plus ouvert que d’aucuns pouvaient le penser voilà quelques semaines encore. En fait, rien n’est joué, rien n’est stabilisé. Nombreux sont les socialistes qui, d’emblée, refusent le combat des présidentiables. Ils comprennent que cette confrontation serait mortifère pour notre Parti. Si en 2008 on devait se retrouver, en effet, avec un candidat pré-sélectionné, de manière prématurée et illusoire, pour 2012 à la tête du Parti, dès le Congrès passé le match retour commencerait et se poursuivrait pendant 3 ans, au seul bénéfice de la droite !
Ce dont le Parti a besoin, c’est de se mettre enfin au travail, d’une démarche collective, d’un projet novateur, crédible, efficace. Ainsi que nous l’avons souvent fait valoir, le Parti a besoin d’un Congrès de rénovation, de reconstruction et non de désignation. Dans la situation actuelle, les exigences de changement des méthodes au sein du Parti sont essentielles : l’organisation, le fonctionnement, les modes de débats internes à renouveler, mais aussi les modalités de désignation de notre futur candidat –nous plaidons à cet égard pour des primaires ouvertes à nos électeurs. Cependant, les débats de fond sont primordiaux. Nous n’avons pas travaillé autour de Dominique Strauss-Kahn pendant des années pour ne pas avoir suffisamment de volonté afin de promouvoir le corpus d’idées qui définit notre identité : socialisme de la production, économie de la connaissance, égalité réelle, émancipation des individus, nouveau modèle de développement, réformisme européen… Pour avancer, nous avons noué des rapprochements fructueux, en particulier avec les amis d’Arnaud Montebourg, avec lesquels un socle d’engagements a d’ores et déjà été établi, conscients que nous sommes, les uns et les autres, qu’il faudra les élargir et les approfondir dans les temps à venir.
Lors du collectif national de Socialisme et Démocratie qui s’est tenu le 18 mai dernier, il a été décidé à l’unanimité de présenter une contribution dont je serai le premier signataire. Ce texte devra, avec nos alliés, se situer à la hauteur des enjeux de notre époque, charnière pour le monde, l’Europe et notre pays, et poser les conditions de réussite du Congrès. Un projet vous parviendra dans les tous prochains jours. Après, cet été, nous pourrons juger sur pièces les contributions de chacun et jusqu’au Conseil National dit de synthèse, avant le dépôt des motions, étudier les différentes configurations pour rendre nos idées majoritaires, certes dans un esprit de rassemblement mais surtout sans perdre notre boussole. Rien ne serait pire, en effet, que de convenir à priori d’accords factices, de circonstances, d’un unanimisme de façade et de tuer le débat avant qu’il n’ait vraiment lieu. Nous en avons trop souffert depuis 2002. Je le souligne à nouveau, aucune des motions à priori ne sera en mesure d’approcher la majorité et même de représenter une minorité d’agrégation. C’est pourquoi nous avons, aujourd’hui, à faire valoir d’autant plus ce que nous sommes, ouverts à la confrontation d’idées sans nous réfugier d’emblée et disparaître sous l’aile soi disant protectrice d’un supposé « chef suprême ».
C’est une équipe de direction nouvelle qui doit ressortir de ce Congrès. Si j’ai marqué mon intérêt pour le poste de Premier Secrétaire, c’est que je m’en sens capable. Je pense pouvoir incarner, avec d’autres, ce renouvellement intellectuel mais aussi générationnel, pour faire vivre le Parti, tout le Parti, dans le dépassement des clivages du passé et d’abord dans la clarté des décisions prises par sa majorité, sans abîmer nos présidentiables, quels qu’ils soient. Telle est la feuille de route que je vous propose : unité de notre collectif, volonté de faire avancer nos idées, efficacité dans la démarche. Nous ferons le point, cet été, sur le mouvement que nous initions ensemble. Ne cédons pas au récit fait par les médias d’un congrès promis d’abord à une seule personnalité, puis à un affrontement entre plusieurs présidentiables : ce n’est pas, j’en suis convaincu, je le constate tous les jours, le souhait de la majorité des militants.
Ayons confiance en nous, en notre démarche : je la crois juste, je suis persuadé qu’elle est la meilleure pour nos idées et pour notre parti, afin de remplir notre objectif politique, battre Nicolas Sarkozy en 2012, réussir ensuite à conduire une vraie politique de réformes de gauche.
Pierre Moscovici
La lettre de socialisme & démocratie
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