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Avenir de la Lorraine
10 décembre 2007

Jules Verne à la Tour aux Puces:

Une très belle exposition à la Tour aux Puces de Thionville montre une maquette du Nautilus et présente le parcours de la carrière littéraire de Jules Verne. C'est tout proche du centre ville, cela ne prend que cinq minutes, et repositionne le coté visionnaire indispensable à tout inventeur d'avenir. Les longues rêveries hivernales en Lorraine prédisposent aux projets innovants. Les contraintes ont toujours fait jaillir de nouvelles ressources. Nous avons toujours su créer avec de modestes moyens de grandes choses. Prenez la quiche lorraine, un peu de pâte, quelques oeufs du poulailler, un reste de crème, quelques morceaux de lard fumé qui s'ennuyaient, il ne reste qu'à l'accompagner d'une salade et d'un verre de vin Luxembourgeois pour goûter au plaisirs simples d'un terroir unique. Avec des moyens économes, nous voyons grand, Robert Schuman était bien Lorrain.

L'entrée est gratuite et les horaires ici.

Cliquez sur la photo pour faire apparaître le panorama.

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Commentaires
J
Dont son père fut général défendant Thionville en 1814 visita la ville:<br /> <br /> 30 août 1871.<br /> <br /> Après déjeuner, à 10 h. 1/2, nous sommes partis pour Thionville, ces deux dames, Victor et moi avec les deux petits et Mariette. M. Pauly nous accompagnait. Il y a eu des incidents de route. Un cheval s'est abattu, un trait s'est cassé; de là un retard. Nous ne sommes arrivés à Thionville qu'à 1 h. et demie.<br /> <br /> - Je raconterai en détail cette journée. J'ai vu cette ville que mon père a défendue en 1814 et 1815, et qu'on n'a pas prise. L'Allemagne la tient. Il y a une sentinelle prussienne aux portes.<br /> <br /> - La ville a été épouvantablement bombardée. La pluie d'obus a duré cinquante-trois heures. Sur toute la ville, environ quatre cents maisons, cinq seulement n'ont pas été atteintes; elles ont seulement leurs vitres brisées. Tout le reste mitraillé, écrasé, brûlé. La ville est morne, je devrais dire morte. Les habitants sont indignés et consternés. Partout des ruines. Pourtant on commence à rebâtir.<br /> <br /> - Nous sommes allés à la mairie; la maison de ville étant brûlée, la mairie se tient dans un logis quelconque sur lequel on lit ce mot écrit à la main au-dessus de la porte : Mairie. Nous sommes entrés dans une salle basse où des hommes étaient assemblés. J'ai demandé : “ - Quelqu'un pourrait-il m'indiquer la maison où a logé en 1814 et 1815 le général qui a défendu Thionville ? ” Un vieillard, le maire, m'a dit : “ - Le général Hugo? ” J'ai répondu : “ - Oui. ” Alors un d'eux, m'ayant reconnu, a dit à demi voix aux autres : “ - C'est son fils, Victor Hugo. ” Tous se sont levés. On a parlé. Mon père a laissé une grande trace dans cette ville. On l'admire et on le vénère. Ces hommes étaient les membres du conseil municipal. Ils étaient en séance. J'y étais entré brusquement. L'émotion était grande; un d'eux s'est écrié : “ - Si nous avions eu en 1870 l'homme que nous avions en ,1814, Thionville ne serait pas aujourd'hui prussienne ! ” Un d'eux, un nommé M. François, s'est offert pour me conduire à la maison que mon père avait habitée.<br /> <br /> J'ai demandé au maire, M. Arnould : “ - Où sont vos archives ? Je voudrais voir les dossiers relatifs au siège de 1814 où mon père commandait. ” Il m'a répondu : “ - Nous n'avons plus d'archives. Tout est brûlé. Nous avions, dans la grande salle de la mairie où se tenait le conseil municipal, le portrait de votre père. La salle a été brûlée, le portrait aussi. ” J'ai répondu : “ - Tant mieux. Du moins mon père n'est pas prisonnier de la Prusse. Il méritait d'être tué ici en effigie avec votre liberté. ” L'émotion nous gagnait. Les yeux étaient humides. Nous sommes allés rue des Vieilles-Portes, n° 326. C'est là qu'était, et n'est plus, la maison habitée par mon père en 1814 et 1815. Elle a été brûlée. On l'a rebâtie. Il en reste pourtant une grande porte cochère et la façade intérieure sur la cour, avec les écuries, les remisés, les cuisines, petit corps de logis style Louis XIV, surmonté d'un jardinet en terrasse dont le haut mur laisse voir les arbres du rempart. Aux deux angles du petit jardin, il y a deux pavillons, même style, dont les vitres sont baisées par le bombardement. Entre ces pavillons une petite porte par où mon père allait sur le rempart auquel la maison est comme attenante. A l'intérieur, il ne reste rien de ce qui a vu mon père, qu'un escalier de pierre et une petite glace trumeau encadrée d'une baguette dorée avec des bergers et des moutons peints dans le goût Louis XVI. La maîtresse du logis, jeune, nous parlait de mon père avec respect. C'est la tradition de Thionville.<br /> <br /> Une vieille dame a connu mon père. Elle s'appelle Mlle Durand. Elle a aujourd'hui soixante-dix-huit ans. On m'a offert de me conduire chez elle. J'ai accepté. Un lycéen qui était là, coiffé d'un képi, figure intelligente, m'a prié de lui permettre de me conduire. Il est le petit-neveu de la vieille dame. Il nous a menés dans une rue voisine. Nous sommes entrés dans une maison de la Renaissance ayant encore ses pilastres et ses médaillons, mais badigeonnés en jaune et en blanc. On entre par un beau porche à voûte ogive. La vieille dame, prévenue de mon arrivée, m'attendait au rez-de-chaussée. Elle est infirme et marche difficilement. En 1814, c'était une belle jeune fille de vingt et un ans. Elle s'est levée, m'a fait la grande révérence lorraine, et m'a dit :<br /> <br /> - Ah ! monsieur, je vous ai vu bien jeune! ” C'est mon frère Abel qu'elle a vu. Je ne suis jamais venu à Thionville qu'aujourd'hui. Je ne l'ai pas détrompée, ce qui lui eût fait de la peine. En 1814, Abel avait seize ans, et était aide de camp de mon père. Il était officier depuis l'âge de quatorze ans, sous-lieutenant en sortant des pages du roi d'Espagne. Quand vint la Restauration, à seize ans, il avait déjà porté trois cocardes, la rouge d'Espagne, la tricolore de l'empire, la blanche des Bourbons. Ce n'était pas la faute de cet enfant.<br /> <br /> La vieille demoiselle, très majestueuse et encore belle, m'a parlé de mon père : “ - Il avait été si bon et si brave en 1814, qu'en 1815 la ville a redemandé à l'empereur le général Hugo. Il est revenu. Nous l'avons reçu en triomphe. Le jour de son arrivée, il est allé au théâtre. Toute la salle s'est levée en criant : Vive le général Hugo ! J'étais là. ” Et la vieille dame pleurait. Je lui ai baisé la main. Victor aussi pleurait, et moi un peu.<br /> <br /> Le salon où nous étions est aujourd'hui moderne, mais il a été antique, il y a une magnifique cheminée du plus beau goût de Louis XIV en marbre rouge avec médaillons de marbre blanc. Celui du centre, qui est ovale, représente Sémélé; cette cheminée monte jusqu'au plafond.<br /> <br /> J'ai quitté la vieille dame très ému. Elle a fait effort pour nous reconduire jusqu'au perron de la cour. Son neveu, charmant adolescent, nous a un peu conduits dans la ville. Il y a une vieille tour dite la Tour aux puces. Le château, du temps de Charles-Quint, a de beaux restes. J'ai dessiné une tour, et une autre de l'entrée.<br /> <br /> - Thionville a de beaux restes de l'époque espagnole. Une des rues de la ville est remarquable par la quantité de maisons à portes basses et à tourelles engagées. J'ai dessiné une des masures du bombardement. M. François nous a menés à ce qui a été la maison de ville. Ruine. J'ai dessiné les quatre murs qui restent de la salle où était le portrait de mon père. Il y a, à côté du jardin, le jardin public.<br /> <br /> Pendant que je dessinais, j'entendais des enfants dans le jardin chanter la Marseillaise. J'ai dit à M. François : “ - Cela fera de mauvais prussiens. ”<br /> <br /> - Dans la rue, on me saluait; on me regardait, les larmes aux yeux, et je disais aux passants : “- Soyez tranquilles, nous vous délivrerons. Ou la France cessera d'être la France, ou vous cesserez d'être prussiens. ”<br /> <br /> - Je suis rentré à l'Hôtel de Luxembourg. J'ai trouvé le fils du maire qui m'attendait, mais j'étais forcé de repartir pour Mondorf. Chemin faisant, j'avais vu l'église. Elle est du mauvais style de Saint-Sulpice; mais le baldaquin rococo de l'autel est admirable. Il rappelle celui de Spire. Les voûtes ont des trous de bombes. Le cadran du beffroi a été brisé par un obus.<br /> <br /> - Georges et Jeanne ont fait émotion. On les entourait, on les admirait. Un officier prussien a dit à Georges : “ - Vous êtes un bel enfant. Donnez-moi la main... ” Georges a croisé ses deux mains derrière son dos et l'a regardé fixement.<br /> <br /> - Le cheval qui s'était abattu a dû être changé; il a fallu raccommoder le harnais; tout cela à pris du temps. Nous n'avons quitté Thionville qu'à six heures. J'étais sur la banquette du devant. J'ai pris sur mes genoux Georges qui s'est endormi. Nous sommes rentrés à notre hôtel d'Altwies à 8 h. 1/2 par un beau clair de lune.<br /> <br /> Carnets Intimes de Victor Hugo 1870 – 1871, & notes de Henri GUILLEMIN – GALLIMARD 1953 p.185.<br /> <br /> http://www.chronologievictor-hugo.com/pages/corp1871(3,2_1).htm<br /> <br /> La création des Etats-Unis d’Europe est, pour Hugo, une véritable nécessité:<br /> <br /> http://www.senat.fr/evenement/archives/D24/etats.html<br /> <br /> Tous les inventeurs d'Europe se retrouvent à Thionville... ;-)
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M
même Jules Verne à Thionville <br /> quel grand voyageur!<br /> tout le monde se rapproche de Schumann Kanfen
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