La Grande Fatigue

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Pour manoeuvrer les voiles, accrocher les ancres, il fallait trois kilomètres de cordes de tailles différentes à bord d'un grand voilier du temps de la marine à voie. Pour enrouler les brins les uns avec les autres, la machine à toronner, manoeuvrées par les forçats du bagne de Rochefort, était logée dans un long bâtiment de trois cent mètres. Construit au bord de la Charente, sur un sol mouvant constitué d'ancienne vase, un radeau en bois permettait de répartir la pression au sol. Ce bâtiment rénové existe toujours, et la machine à toronner est en place. Une visite s'impose pour s'imprégner du travail inhumain qu'accomplissaient les forçats, avec pour récompense une maigre pitance, et la bastonnade pour les récalcitrants, quinze à soixante coups, avec une corde de chanvre goudronnée arrachant la peau du dos.