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Avenir de la Lorraine
29 juillet 2008

Lettre aux signataires de « Besoin de gauche »

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Cher(e) camarade,

Au moment de nous séparer pour quelques semaines de vacances, et avant de nous retrouver à La Rochelle, je voulais te remercier de ton implication dans la contribution « besoin de gauche », que tu as bien voulu signer à mes côtés. Cette contribution est, dans cette période confuse, un facteur de stabilité et de cohérence pour le Parti socialiste. Je souhaite aussi te donner mon sentiment sur l’évolution des choses depuis le Conseil national du 2 juillet.

À la rentrée, nous allons devoir décider de notre attitude en vue du Congrès de Reims. D’ores et déjà, des contacts sont noués avec d’autres contributions, pour établir une nouvelle majorité, capable d’impulser un vrai changement pour notre parti. Pour ma part, j’avance dans toutes les démarches que j’entreprends, aussi bien auprès des militants lors de mes nombreux déplacements dans nos fédérations que dans les discussions avec d’autres, en défendant la lettre et l’esprit de « besoin de gauche ».

Que dit au fond ce texte ? Que la crise internationale, multiforme, la crise européenne, l’entreprise de liquidation de Nicolas Sarkozy et la question sociale contemporaine appellent une nouvelle gauche, une nouvelle génération à gauche. Notre contribution, en bref, établit la feuille de route de la mutation indispensable du PS, pour reprendre l’expression d’Arnaud Montebourg, le chemin qui peut et doit nous mener à la victoire en 2012 enfin, après trois défaites à l’élection présidentielle. Cette feuille de route, ce chemin, ce cahier des charges tiennent en un triptyque :

- une ambition réformiste, qui veut transformer en actes les valeurs affirmées par notre déclaration de principes, qui définit notre parti comme réformiste, européen, laïc, féministe, internationaliste, ancré dans l’économie de marché, qu’il veut sociale et écologique. Ce réformisme cohérent doit, à mes yeux, être celui du parti rénové que nous appelons de nos vœux.

- un parti au travail, qui sache éviter les deux écueils symétriques de l’immobilisme mortifère et de la présidentialisation délétère. Pour cela, nous proposons un programme articulé autour de sept conventions thématiques et une gouvernance différente du PS, avec une direction resserrée, animée par un Premier secrétaire qui ne puisse être soupçonné de subordonner son action à une ambition présidentielle pour lui-même.

- la désignation, le moment venu, à la mi-2011, du candidat socialiste à la présidentielle par une primaire organisée par le PS, mais ouverte à tous ceux qui souhaitent participer à ce choix décisif pour la France.

Cette démarche me paraît en phase avec les attentes des militants socialistes, qui veulent le débat mais craignent un combat stérile et sans issue, ouvrant une période de « guerre de tous contre tous » et qui souhaitent un parti tout entier tourné vers la préparation de l’alternance et l’élaboration d’une pensée socialiste pour le 21e siècle. C’est pourquoi, oui, je pense que notre contribution, majeure, qui a réussi un premier rassemblement entre « Socialisme et démocratie » et « Rénover maintenant », a vocation à être la colonne vertébrale de la future majorité et, si possible, à porter l’un des siens à la direction du PS.

C’est à partir des principes, et non des relations interpersonnelles, de passions ou des pulsions, que nous devons définir notre action dans les temps qui viennent, jusqu’au Congrès. C’est et ce sera ma seule ligne de conduite, ce doit être la nôtre. Quels sont ces principes ? Nous ne pouvons pas, d’abord, être ambigus sur l’exigence réformiste, sur l’engagement européen, et j’ajoute pas davantage sur le respect du vote des militants. Nous ne voulons pas, ensuite, d’un Congrès de désignation, mais d’un Congrès de rénovation débouchant sur un « leadership de travail ». C’est pourquoi je prétends à la fonction de premier secrétaire, parce que je pense avoir, dans le moment présent, le profil et les qualités nécessaires pour l’exercer. J’espère, légitimement, avoir sur ce point le soutien de tous les signataires de « Besoin de gauche ». Enfin, nous ne saurions transiger, au moment où se formeront les motions, sur l’idée, profondément novatrice, des primaires.

C’est sur cette base que nous pouvons nous tourner vers les autres, et d’abord vers ceux qui veulent construire avec nous. Les discussions avancent avec Martine Aubry : un rapprochement est possible. Tu trouveras ci-joint le relevé de conclusions de notre dernière rencontre. Je suggère également que nous continuions à débattre avec les signataires de la « ligne claire », pour constituer une force plus importante encore, installée au cœur de ce Congrès difficile : leur texte est très proche du nôtre, leur « socialisme des territoires » complémentaire de notre démarche, nous avons dans cette contribution beaucoup d’amis qui s’étaient éloignés de nous. Il est juste aussi de parler avec Bertrand Delanoë, avec d’autres ensuite, mais en défendant notre approche, et non en adhérant d’abord à la leur. Ainsi, nous pourrons progresser vers la vraie rénovation du parti que nous défendons ensemble.

Je propose que nous ayons, à La Rochelle, un débat ouvert, clair et fraternel, sur nos perspectives. Notre contribution appartient à ses signataires. C’est à eux, c’est à vous, c’est à nous de décider ensemble où nous voulons aller, avec qui, et pour quoi faire.

D’ici là, je te souhaite, cher(e) camarade, un très bel été.

Avec ma fidèle amitié.

Pierre Moscovici

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