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Avenir de la Lorraine
26 juillet 2007

Un socialiste ne peut pas être marxiste.

Nature_0033

Dans le premier numéro des « Annales franco-allemandes » publié en février 1844 Karl Marx écrivait en ouverture:

« L'existence de l'humanité souffrante qui pense et de l'humanité pensante qui est opprimée deviendra nécessairement insupportable et indigeste au monde animal des philistins qui jouit passivement, incapable de penser. Et plus les événements permettront à l'humanité pensante de devenir consciente, et à l'humanité souffrante de s'assembler, plus parfait naîtra le fruit que le présent porte dans ses flancs »

Nous partons donc de l'humanité, l'ensemble des humains. Karl Marx y découpe arbitrairement des catégories spécifiques et les isole, il obtient ainsi les humains qui souffrent, un groupe spécifique d'humains inclus dans l'ensemble des humains, les humains qui pensent sans aucun doute ceux qui acceptent de remettre en cause les conditions actuelles de la vie faite aux humains en 1844, les humains  philistins, vraisemblablement les riches, les exploiteurs, les bourgeois et tout ce qui s'oppose à l'évolution du fruit que le futur devrait accoucher: la révolution. Pour asseoir les bases du mouvement qui donnera naissance à la révolution, les événements, le temps qui passe et qui sécrète de l'histoire.

En opposant ainsi ces catégories définies arbitrairement par Karl Marx, en assignant à l'une d'elle la fatalité de n'avoir qu'un seul trajet pré-défini, la prise de conscience pour la pensée de s'aliéner à ce schéma, et de guider une autre partie de l'humanité vers un futur qu'elle ne s'est pas choisie, c'est poser à priori que la révolution est contenue en essence dans l'histoire, et que le but de l'humanité, c'est d'accomplir ce schéma là. C'est poser un schéma, et affirmer sans la moindre démonstration sa véracité à partir d'éléments arbitrairement choisis. C'est raconter une histoire, en affirmant qu'elle constitue le futur, et inviter le lecteur à lui donner consistance. C'est au propre aliéner le lecteur à un projet qu'il n'a pas défini, le transformer de sujet en objet.

C'est effectivement ce qui s'est produit sous les régimes communistes, le passage de l'humanité composée d'individus conscients et libres en éléments d'une machine pour laquelle on aliéna des hommes qui ne l'avaient ni décidée ni choisie: la révolution. Non pas que cette machine ait apporté plus de liberté et plus de conscience, plus de bien-être et plus de richesse aux hommes chargés d'entretenir son existence, juste un autre objet que le veau d'or que déjà une partie des ancêtres de Karl Marx avait adoré quand Moïse avait trop tardé dans la montagne. Karl Mark ré-écrit l'histoire d'une impatience, celle de ne pouvoir jouir sans entrave, sans passé qui structure une tradition, et donc fatalement sans avenir.

L'humanité est la totalité à la-quelle nul n'échappe. Dans cette humanité, un homme à un moment donné raconte à ses semblables son histoire personnelle, une voix qui s'adresse à lui dans un buisson en feu. Son message est de ne point adorer la matérialité des choses, que son absence laisse resurgir dans l'épisode du veau d'or. Il y substitue des règles éthiques, qui constitueront le nouvel ancrage de l'humanité. Le matériel n'est plus le but de l'humanité, il n'en constitue plus que le support pour l'aider à vivre, seules comptent les rapports que les hommes constituent entre eux, permettant l'enrichissement culturel, intellectuel impliquant tout le développent de l'esprit humain et la modification du support matériel par le biais de l'inventivité, de la créativité, de l'innovation et de la technologie.

Moïse, un Égyptien ; les deux premiers essais de L’homme Moïse et la religion monothéiste de Sigismund Freud pose comme départ de l'humanité un mythe, le meurtre du Père par ses enfants, fable mythique de la civilisation par la culpabilité engendrée et le désir d'un nouveau mode de vie pour y échapper, en rendant la vie collective de l'humanité débarrassée du meurtre et de la violence qui la sous-tend.

Le schéma freudien et le schéma marxiste sont athés et en opposition à l'histoire de Moïse. Ils explorent chacun à leur manière le réel. Si la parole de Moïse est posée comme vraie, car il est impossible d'en démonter le mensonge, Moïse étant seul devant le buisson, la religion qui en découle laisse libre la conscience de s'exercer dans le cadre éthique qu'elle indique. L'application du schéma marxiste ne l'autorise pas, et la connaissance des régimes communistes qui en ont découlé l'ont démontré dans la matérialité historique des faits.

Poser le futur comme révolutionnaire n'implique pas une révolution spécifique sauf à s'interdire l'introduction du hasard. Or les conditions initiales ne permettent pas d'affirmer un lien de causalité absolue dans le temps. La théorie du chaos si elle permet de relier par un lien de causalité des événement passés ne permet pas de connaître à priori le futur qui reste par essence insaisissable. En limitant le nombre de degrés de liberté d'un système, Marx a réalisé l'oxymore qu'il présentait; mais en entraînant une multitude d'esprits en révolte, il les a attelé à satisfaire son désir, qui au final n'était que d'être socialement reconnu comme un géant de la pensé humaine et de devenir une idole. "Vanités des vanités, dit Qohélet, tout est vanité" - lui répond en miroir L'Eclesiaste 1.2 La vacuité de l'esprit de Karl Marx fait qu'il n'a produit aucune oeuvre permettant à l'humanité de mieux vivre. Il n'a inventé ni technique, ni nouvelle technologie. Pas même la moindre innovation à mettre à son actif. Il s'est laissé entretenir par l'argent que Friedrich Engels tirait du profit des entreprises paternelles où des ouvrier anglais suaient sang et eau. Pensée perverse, que n'a-t'il pas consacré sa vie à améliorer dans le réel les conditions de vie de ces mêmes ouvriers au lieu de vivre sur leur dos, il en aurait sans doute conçu moins de gloire qui n'aurait pas justifié son orgueil. Si regardant le fait historique que la longue lignée de rabbins dont était issus son père et son choix de changer de religion pour exercer la profession d'avocat à Trêves après le retour de la Sarre dans l'Empire Allemand a consisté à re-commettre la même répétition du choix du veau d'or, le marxisme constitue la répétition et la ré-actualisation de l'absence de Moïse au niveau du monde par le choix au final du matérialisme qui impose l'athéisme comme base théorique. En opposant dialectiquement athéisme et éthique, le marxisme est directement la cause des errements communistes.
Si le socialisme se définit à partir du rejet de l'inégalité sociale, il ne peux se construire que sur l'éthique en sur-couche de cette dernière. Il se doit donc de rejeter la pensée marxiste qui en constitue la perversion absolue, les objets ne peuvent être qu'inégaux par nature, alors que l'égalité de vie des humains comme projet est une oeuvre collective par excellence. Encore faut-il poser la vie collective dans le bien-être pour tous et ne pas se contenter de la faiblesse intellectuelle de se contenter de la richesse actuelle et sa redistribution. Est d'abord socialiste celui qui propose d'accroître la richesse pour redistribuer son accroissement à tous, afin de réduire le mal-être et donc au final de favoriser le bien-être. Être socialiste, c'est reconnaître l'individu dans sa spécificité, quel qu'il soit, et le relier à l'humanité en permettant un jeu collectif prenant en charge chaque singularité dans son vécu et sa parole.

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